3. DE 2 À 4 ROUES
Fin 1962, Beltoise n’a rien oublié de
l’objectif qu’il s’était donné.
«
J’étais coureur moto. Je n’avais pas changé d’idée depuis mon stage
d’apprenti mécano. Mon rêve : entrer chez Bonnet. Et je continuais à
croire que c'était un rêve impossible ».
Mais cette fois la chance va lui sourire.
Jean-Pierre raconte : « Je
rencontrais Georges Bonnet, l'un des neveux de René, dans des
surprises-parties. Après la course, j'aimais le jazz et mon frère Alain
me fit même jouer du trombone. Ce double amour de la voiture et du jazz
trouvait un écho chez Jo qui plaida ma cause auprès de son oncle.
Jo organisa
un
réveillon auquel participèrent les fils de René Bonnet, Claude et
Michel. L'un d'eux me dit : « Tu devrais aller voir mon père. Je crois
qu'il a quelque chose pour toi. » Je me souviens des paroles magiques
qu'il prononça lorsque je retournai le voir : « Alors, tu veux
courir
en voiture ? Je t'engage ! ».
C'était plus beau que le plus
beau des rêves de Noël d'un enfant qui aurait reçu tous les jouets du
monde !… Une grande aventure s'offrait à moi. Une grande aventure à
vivre. René Bonnet m'ouvrit la porte de l'automobile, une porte d'or.
»
« Ce passage
de la
moto à l’auto était l’aboutissement d’un rêve. Je n’avais jamais fait
des courses motocyclistes qu’en pensant bien que je deviendrais coureur
automobile. Jean Behra l’avait fait avant moi. John Surtees l’a fait
pratiquement en même temps que moi. »
C’est ainsi que
Beltoise a vécu ce moment, mais en
fait Claude Bonnet nous confiait récemment que cela entrait dans la
stratégie de son père prévue depuis l’année précédente pour le
renouvellement de ses pilotes. Renouvellement encore plus nécessaire
depuis l’accident mortel de Paul Armagnac à Montlhéry en octobre 1962.
A cette époque la seule source de pilotes était constituée par les
pelotons des courses moto.

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Pierre
Monneret
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Jean-Pierre
Beltoise
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Eric
Offenstadt
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Ce sont donc trois
pilotes moto qui furent pressentis et convoqués par René Bonnet :
Pierre Monneret, encore auréolé d’une brillante carrière en GP
Internationaux 500 cm3 et de sa participation au Mans 1961,
et deux jeunes espoirs, Jean-Pierre Beltoise et Eric Offenstadt.
L’entrevue se passa mal avec ce dernier et ce sont Beltoise et Monneret
qui furent retenus par René Bonnet.
En arrivant à
Champigny au début 1963, Beltoise trouve un constructeur
affairé à de nombreux projets. Deux nouvelles voitures pour Le Mans et
le lancement des voitures de production Djet, Missile et Le Mans.
En cette période hivernale, c’est le Missile, récemment homologué en
GT, qui va servir de porte-drapeau à René Bonnet. Trois équipages sont
engagés au Rallye de Monte Carlo : Charrière – Justamond (n° 215),
Roussel - Bonnet (n° 209) et Barbier - Zublena (n° 210).
Tous trois partent de Monaco (ci-dessous), mais aucun n’arrivera au
terme des 5000 km du rallye.

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Jean-Pierre Beltoise pilote René Bonnet «
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