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Jean-Pierre
BELTOISE
Pilote René Bonnet |
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| www.club-djet.com | par Daniel Petitgrand | |
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5. LES ANNÉES RENÉ BONNET - 1964
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Le 23 février 1964
il est au départ d’une course de vitesse sur le circuit d’Albi avec son
Djet n° 18 immatriculé 1691 PP 75.
Dans sa série comme en finale il est en tête de la course quand
interviennent des incidents mécaniques. Il terminera 3ème de sa classe
(ci-dessus à gauche).
On le voit sur son Djet au rallye de l’Ouest, puis le 26 avril 1964, à
l’occasion des coupes de l’USA il enchaine 3 victoires en moto avant de
gagner la classe 1150 cm3 avec son Djet n° 66 à la moyenne
de 107,4
km/h.
Grand Prix de Pau Formule II
Dans l’intervalle, le
5 avril 1964, Beltoise fait à Pau ses débuts en
monoplace sur la Formule 2 René Bonnet au côté de Gérard Laureau.
A l'issue de la seconde séance d'essai,
Beltoise se plaçe à la corde de
la 5ème ligne avec le 11ème temps.
Au baissé du drapeau, Beltoise, très à l'aise sur ce circuit qu'il
connait bien pour y avoir gagné en moto, effectue un premier tour
d'anthologie, doublant 5 concurrents. Au premier passage la René Bonnet
n° 20 pointe en 6ème position derrière Clark, Atwood, Maggs, Arundell
et Becwith, une place qu'elle gardera jusqu'au 3ème passage.
Doublé
par Bianchi, Beltoise remonte sur Becwith et le talonne de près
quand celui-ci effectue un tête à queue à la sortie de l'épingle du
lycée. Dans cet incident Beltoise heurte l'avant de la Cooper avec sa
roue avant gauche, ce qui le contraindra à observer un arrêt au 13éme
passage.
Reparti à la 10ème place, il abandonnera définitivement au
18ème tour sur rupture de la biellette de direction, endommagée dans
l'accrochage.
Un résultat en demi-teinte pour René Bonnet qui ne reflète pas les possibilités de la voiture. Au moment de son accrochage Beltoise devançait l'Alpine de Rosinski qui terminera 4ème, une place qui était donc à sa portée.
1000 km du Nurburgring
En prototype Beltoise renonce à la Targa Florio
et ne démarre la saison
qu’au Nurburgring.
Il dispose du coupé dont il analyse les atouts :
« Notre voiture, une René Bonnet
prototype à châssis dit « à treillis
tubulaire » et à carrosserie aluminium, a deux atouts dans son jeu pour
nous permettre de bien figurer : d'une part un maître couple très
réduit ainsi qu'un bon Cx et d'autre part sa grande légèreté : 500 kg à
vide. Par contre, le premier de ces avantages se solde par un
inconvénient : une voie arrière trop étroite compte tenu de
l'excellente adhérence au sol des pneus Dunlop Racing R-6, ce qui rend
la voiture délicate dans les virages rapides.
Dans
le but de chauffer les disques en vue de la première zone de
freinage quelques 400 mètres après la ligne de départ, j'ai laissé
glisser mon pied gauche sur la pédale de frein après avoir passé en
seconde vitesse »
« Puis toujours dans le but de
ralentir le mieux possible au moment
venu, je m'accorde un léger surrégime de trois ou quatre cents
tours/minutes : 7800 au lieu des 7500 prévus afin de rester sur la
seconde vitesse et de bénéficier du maximum de frein moteur. A ce
régime, je relâche l'accélérateur et j'appuie à fond sur la pédale de
frein.
Pas le moindre soupçon de
ralentissement brutal, à défaut énergique, ne
se produit et dans l'instant suivant je plonge mon capot sous l'arrière
d'une Alfa Roméo Tubolare blanche. Direction bloquée, je heurte ensuite
de plein fouet sur la gauche la seule Lancia engagée, ce qui me renvoie
sur la droite toucher une Cobra, puis je retraverse la piste sans rien
rencontrer comme par miracle et échoue mon épave dans le fossé gauche.
C'est perdu et c'est dommage car nous avons réalisé d'assez loin le
meilleur temps de la catégorie aux essais. »
24 heures du Mans
Pour les 24 heures du Mans l’optimisme était
revenu du côté de
Champigny avec l’engagement du coupé réparé depuis le Nurburgring :
Beltoise - Laureau n°55, moteur
Gordini 2ACT 1001 cm3, et de 4 nouveaux
Aerodjet, basés cette fois sur le châssis poutre des Djet de série et
encore mieux profilés avec des passages de roues arrières carénés :
Monneret – Rudaz n°56, moteur Gordini 2ACT 1001 cm3
Basini – Charrière n°60 moteur Gordini 2ACT 1150 cm3
Bourbon-Parme – Bouharde n°48 Gordini 2ACT 1150 cm3
Farjon - Lelong n°52 moteur Gordini hémisphérique 1108 cm3.
A son habitude Beltoise était confiant :
« Confirmant le proverbe selon
lequel un malheur est toujours une
bonne chose pour ce qui vient après, au Mans nous avions une voiture
pratiquement nouvelle et supérieure à l’ancienne sur le plan des
performances. Je ne prendrai pour preuve que le temps de 4’ 36" soit
plus de 176 km/h réalisé aux essais par Gérard Laureau alors que les
températures d’huile et d’eau n’avaient pas encore atteint les minimum
à partir desquels on teste les moteurs au banc chez Gordini.
Bref nous avions prévu
avec Gérard Laureau de tourner pendant 24 heures
sur la base de 4’ 38" au tour et ceci sans dépasser 7000 t/mn, régime
autorisé par Amédée Gordini.
Sur le papier nous avions
toutes les chances de remporter l’indice
énergétique et de très bien nous classer à l’indice de performance si
aucun ennui ne survenait au cours de ces 24 heures. »
Aucun ennui, c’est précisément ce qui ne se produisit pas pour Beltoise
comme pour ses coéquipiers de chez Bonnet. Peu après le départ, Laureau
s’arrêtait avec un câble d’accélérateur cassé dont la réparation lui
fit perdre une demi-heure.
Mais plus tard dans la soirée, Laureau rentrait
à pied, sa voiture
étant tombée en panne d’essence sur le circuit. Beltoise en donnait
l’explication suivante :
« Quelques heures plus tard, il n’y
avait plus de doute sur l’origine
de la panne ; d’après de nombreux témoins, dans chaque virage à droite,
un jet d’essence s’échappait par l’orifice de remplissage du réservoir.
»
« Décidément, notre
association avec Gérard Laureau ne nous
portait pas bonheur.
Pourtant, à Reims dans une
quinzaine, nous ferons tout pour faire
mentir le dicton : jamais deux sans trois. »
Beltoise n’allait pas tarder à réaliser combien ces deux affirmations,
allaient se révéler fausses.
Meeting de Reims
Les
4 et 5 juillet 1964 c'était le meeting de Reims avec 3 courses
internationales :
les 12 heures de Reims, le Grand Prix de France de Formule II et les
coupes de vitesse de Formule III.
Ce meeting aurait dû être le point d'orgue de la saison 1964 du
constructeur de Champigny qui avait engagé pas moins de 6 voitures dans
les deux premières courses.
Pour les 12 heures de Reims :
Et pour le Grand Prix de F II, les monoplaces déja vues à Pau, cette fois au nombre de trois pour :
Grand Prix de France de Formule
II
Après celui de
Pau, Reims était le deuxième Grand Prix comptant pour le Challenge «
Grands Prix de France FII » de la FFSA.
Cette fois ce sont trois René Bonnet qui devaient être opposées à
deux Alpine dans une course très relevée emmenée par Jim Clark, Jack
Brabham, Graham Hill, Richie Ginther, Jochen Rindt, Peter Arundell,
Mike Spence, Joseph Siffert, Jo Schlesser ... et finalement gagnée par
Alan Rees (Brabham-Cosworth)..
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En ce samedi 4 juillet, pour les essais de la Formule II, Jean-Pierre Beltoise a l’air serein en attendant que Jacques Hubert peaufine les derniers réglages de sa monoplace. |
Mais le dimanche pour la course, avec l'accident de Beltoise et le refus opposé par les organisateurs à son remplacement par Bouharde, ce sont finalement deux René Bonnet qui prendront le départ : Gérard Laureau (n° 28) et Pierre Monneret (n° 72). |
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Au 5ème
tour Laureau doit abandonner avec des problèmes de boite. Comme les deux Alpine rendent l'âme simultanément sur surchauffe moteur, c'est Pierre Monneret qui sauve l'honneur des voitures bleues avec un 16ème place (sur 30 partants), après s'être arrêté pour faire régler le sélecteur de vitesses. |
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12 heures de Reims
Pour la course
d’endurance de 12 heures, par contre, tout avait mal
commencé.
« Aux essais, un début d'incendie
vivement maîtrisé. Bilan : un peu de
peinture bleue manquant autour du bouchon de remplissage.
Au sixième tour, je ne figurais
plus sur les tableaux de pointage. Que
s'était-il passé ?
En rattrapant l'Alpine de Mauro
Bianchi, précédée par une Grand
Tourisme Ferrari, je ne vis pas l'essence coulant du réservoir de la
GT. La brillance de cette flaque sur le goudron de la piste dura trois
à quatre secondes. Ayant ralenti, Mauro Bianchi évita, d'extrême
justesse, le dérapage sur la flaque. Moi pas ! Arrivant plus vite, je
partis violemment en glissade non contrôlée des quatre roues, amorçais
une série de tête-à-queue et de tonneaux qui se terminèrent en une
folle cabriole dans le fossé.
La René Bonnet s'embrasa
instantanément. J'avais été éjecté dès le
premier tonneau. »
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La seule Renée
Bonnet classée (23ème) sera l’Aérodjet n°52 de Philippe
Farjon – Serge Lelong
Ce fut la dernière course de Beltoise sur une René Bonnet et l’avant dernière de la marque de Champigny.
D.
Petitgrand
(Les citations sont de J.-P. Beltoise : « Défense de mourir » et « Derrière mon compte-tours »).
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